lundi 28 avril 2014

Les Passagers, galerie Vol de Nuits, Marseille, avril 2014


Carton d’exposition








© Photo Elisabeth Schlenk,
Fuji Instax Wide de Yannick Vigouroux
exposés à la galerie Vol de Nuits, Marseille





 
« A l’ère de la virtualisation généralisée du réel, de la multiplication exponentielle des images produites par des I-phones et autres smartphones, le film instantané, quelle que soit sa forme, marque, possède plus que jamais la force et la fragilité de l’objet unique : une légère épaisseur, une présence qui est celle d’une matérialité et fragilité* retrouvées. » (*sa surface se raye si facilement)
(Yannick Vigouroux)

Karine Maussière, commissaire de l’exposition « Les Passagers », qui a eu lieu à la galerie Vol de Nuits de Marseille, dans le cadre de la manifestation Expolaroïd, a collé mes Fuji Instax Wide au mur sous la forme d’une constellation, forme à laquelle j’aime recourir depuis 2011 pour présenter mes films instantanés et poladroïds réalisés avec mon smartphone.







Fuji Instax Wide : repérages de la résidence à la Chambre Claire, Marseille




© Photo Yannick Vigouroux,
 « Plage de chez Dédé, Marseille, avril 2014 »
(photographies réalisées dans le cadre
 de la résidence à La Chambre Claire, Marseille)
 
 
« Ce que je mettrai en pratique lors de cette résidence à La chambre claire, est cette même réflexion sur le littoral et la question du vernaculaire en bord de mer: mais au lieu du paradigme de la cabine de plage normande comme camera obscura, il s'agira plutôt du cabanon provençal envisagé comme un sténopé amovible sur, ou au bord de la mer.  
Grâce à des repérages et à la consultation de cartes du Var, des Bouches du Rhône (de Marseille jusqu'à Fos-sur-mer), il me semble que ces plages proposent beaucoup d'attraits spécifiques à la région.
Depuis quelques années, j'ai engagé un travail autour du thème des cabines de plage, de l'histoire (car chez moi l'historien de la photo n'est jamais loin du praticien) plus ancienne ou récente du littoral de la Côte de Nacre en Normandie, qui est à l'origine de cette proposition, dans une logique de continuité sur les questions des "Littoralités". » ( déclaration d'intention pour la résidence à la Chambre Claire, Marseille, Yannick Vigouroux, avril 2014)


 

Poladroids, images prises au smartphone avec l'application "vignette"






© Photos Yannick Vigouroux, de la série « VACANCE »



En 2011, alors que je viens d'arrêter de faire des Polaroïds du fait de l'arrêt de la production, je découvre sur mon nouveau smartphone une application formidable, « vignette », qui me permet de paramétrer, en mode « Diana », le vignettage et le « grain » de mes images, la bordure (blanche ou noire etc.)...

Je retrouve à la fois des caractéristiques formelles(dont le vignettage) propres à mes Polaroïds mais aussi à mes photos prises avec une box 6x9 cm. La même immédiateté dans le surgissement de la photo. Plus troublant, lorsque la lumière est insuffisante, ou lorsque que je déclenche trop vite, en bougeant légèrement, surgissent des entrées de lumière rouges qui ressemblent beaucoup à celles qui voilaient partiellement les pellicules 120 utilisées dans mes box ou Holgas, Dianas, du fait du manque d'étanchéité des boîtiers !


A ceux qui parfois me reprochent de faire du « faux Pola», je rétorque que « peu importe l'outil », l'essentiel est de bien l'utiliser, et que seul compte, finalement, le résultat...


Tirées en petit format, sous la forme de tirage thermiques brillants qui ne sont pas sans me rappeler le procédé Cibachrome, ces images ont été exposées à plusieurs reprises en France et en Italie, simplement fixées au mur avec de la pâte à fixe ou des épingles.















Les Poladroïds exposées à Bordeaux, Paris et Rome.

Fuji Instax Wide : nouvelles Littoralités







© Photos Yannick Vigouroux,
Fujis Instax Wide, 2012-2014
(coll. privées / Donation ARDI, Caen)

Fuji Instax Wide : la tentation de l'abstration



© Photo Yannick Vigouroux,
 « La fenêtre bleue # 3, Paris, 2011 »




Avant d'être photographe, j'ai longtemps dessiné et peint, fortement marqué par des peintres abstraits ou préférant s'autoproclamer "non abstraits" de l'après guerre: Wols, Olivier Debré, Pierre Soulage, et bien d'autres. Insatisfait de ma production qui me semblait inaboutie techniquement, j'ai décidé à 17 ans de troquer mes pinceaux pour un appareil photo Olympus OM-10, offert par mon père pour mon anniversaire.

J'ai détruit la totalité de ma production picturale, et je ne le regrette pas...

Récemment, découvrant le film instantané japonais Fuji Instax, et fasciné par ce motif inépuisable de la fenêtre, j'ai connu à nouveau, un week-end où j'étais malade et cloîtré chez moi à Paris, la tentation de l'abstraction qui ne m'a jamais quitté. Réminiscence argentique d'une passion de jeunesse !

Il m'arrive de gratter, malmener la gélatine, influencé en cela par Robert Frank et le courant plasticien des années 1960-70 : le procédé polaroid, avec sa matérialité si organique, se prête volontiers à une telle pratique.

Les sténo-polaroids et Mme Kodak


 
 
 
 
 
 
© Photo Yannick Vigouroux, 2008

 
 
 
 
 
Expérience d'un jour, j'ai réalisé avec un boîtier en plastique japonais d'emprunt, à l'occasion d'une étape très informelle de Foto Povera chez Jean-Luc Paillé, ce que je nomme des « sténo-polaroïds »... Pas d'optique donc, et au dos, du film noir et blanc 665 périmé.

 
 
 
 



© Anonyme, « Mme  Kodak, c. 1977-1980 »,
 visuel de l'exposition « Les Passagers »
 à Vol de Nuits, Marseille, avril 2014
 (Coll. Yannick Vigouroux /
ex collection Fabien Breuvart, Paris)


 
 
L'image était impartialement révélée, comme l'image anonyme de « Mme Kodak », une « photo trouvée » appartenant à ma collection d'images anonymes, et qui a servi de visuel à l'exposition « Les Passagers » (commissaire d'exposition Karine Maussière à la galerie Vol de Nuits à Marseille en avril 2010, dans le cadre de la manifestation Expolaroid... De l'art et la manière de dire plus en montrant moins, de raconter autrement...





Pola-land, galerie Sattelite, Paris, novembre 2010


 
 
 
 
 
 
© Photos Yannick Vigouroux,
« Venise, septembre 1999 /
Lisbonne, septembre 1998 »
(collections privées)



 
 

Avant l'ère du numérique, le Polaroïd a longtemps servi de test pour les photographes de publicité ou de mode : il permettait de prévisualiser en studio l'exposition, le cadrage, avant la prise de vue finale à la chambre. Pour moi, au contraire, dans la lignée notamment de Robert Frank (qui n'hésite pas à gratter la gélatine, y inscrire des mots simples et poétiques), ou des œuvres tardives de Walker Evans et André Kertész, entre autres, il a toujours été une fin en soi, et je le pratique couramment depuis le début des années 1990. Il m'a permis aussi de poursuive mon activité photographique dans une période difficile de ma vie où, au milieu des années 1990, ne possédant plus de laboratoire pour développer mes pellicules et tirer mes images, et vivant dans une chambre de bonne à Paris, le format miniature du Polaroïd facile à stocker, l'immédiateté de l'apparition de l'image, se sont avérées de précieuses qualités. J'aimais ces images précaires et fragiles, comme la vie qui était la mienne.

A l'initiative de Xavier Martel, commissaire d'exposition invité, ces travaux ont été réunis une première fois en 1990 à la galerie Satellite, à Paris, dans une exposition collective intitulée « Pola-land ». Une première rétrospective d'une pratique que j'ai repris grâce au film instantané et japonais Fuji Instax , j'y reviendrai plus loin.



http://polalandesatellite.blogspot.fr/


samedi 26 avril 2014

Les Flux de concience, 1992-1993








 
 

© Photos Yannick Vigouroux,
« Flux de conscience, 1992-1993 »
(Donation ARDI photographies, Caen)
 
 
 
 
 






© Photo Yannick Vigouroux,
 « L'objet d'Aude L'Hirondel, 1996 »
(Coll. privée)
 
 
 
 
 
 
Pendant deux ans, j'ai soumis mes modèles à ce que Xavier Martel nomme « le jeu de l'interrogatoire » : alors que l'image de la personne montait, celle-ci me dictait sur le moment, ou plus tard, de manière spontanée et souvent laconique, ou au contraire plus élaborée et mûrement réfléchie, ce qu'elle avait ressenti en voyant surgir progressivement son portrait sur le petit rectangle du film 600. Le cadrage était toujours serré, l'image légèrement floue. La suite de cette série est la série de diptyque « L'objet » où, cette fois, j'ai demandé aux personnes de choisir un objet qui leur tenait à cœur, que j'ai photographié comme un portrait (et à l'inverse le visage s'est trouvé objectivé).




« LE JEU DE L'INTERROGATOIRE


Une série de diptyques constitués de photographies Polaroïd agrandies. Un objet est associé à un visage.

Peu de mots sont nécessaires pour présenter suffisamment le travail de Yannick Vigouroux. Pourtant, lui, ne cesse d'interroger. Ses séries de Polaroïds traduisent cela, la présence du texte ne nous trompe pas. Au début, le jeu de l'interrogatoire commençait par le " flux de conscience ". Il transcrivait, sous le portrait, les pensées du sujet photographié...

Nouveau jeu, nouvelle interrogation, portant maintenant sur l'objet. Nul texte n'apparaît explicitement. "Quel est l'objet auquel vous êtes le plus attaché ?" Deux réponses sont données par le sujet. La première comme précédemment est le portrait. La deuxième – le complément d'objet direct – vient par l'image et est transcrite par la photographie. Une fois réalisées, les images vont fonctionner comme un système linguistique, s'articulant en un système bijectif. »


(Xavier Martel)